La liturgie de l’Eglise ce septième dimanche de Pâques nous place entre l’Ascension et la Pentecôte. Nous allons vivre avec la Pentecôte le couronnement du mystère pascal, donc du temps pascal. Jésus, en bon pédagogue, a préparé ses disciples à son départ et à son nouveau mode de présence car ce départ n’est pas un abandon et il leur a annoncé qu’Il leur enverrait une force venue d’En Haut, le Saint-Esprit, qui est, dira saint Paul, « l’amour de Dieu répandu dans nos cœurs », le souffle de Dieu, l’amour qui unit éternellement le Père et le Fils.
La première lecture tirée des Actes des Apôtres illustre ce don de l’Esprit : Etienne, le premier diacre, est « rempli de l’Esprit-Saint » qui le transporte en Dieu et lui fait partager la vision céleste de Jésus en gloire auprès du Père. Etienne, par la force de l’Esprit-Saint, peut alors proclamer la gloire du Christ ressuscité qui est, depuis l’Ascension, vivant pour toujours au ciel en union avec tous les hommes : ces personnes humaines sont celles que le Livre de l’Apocalypse évoque et qui ont « accès à l’arbre de vie », qui ont reçu « l’eau de la vie ». Déjà apparaît là le destin de toute personne dans le plan de DIEU : être en Dieu et Dieu être en moi. C’est l’expression de l’accomplissement d’une vie humaine comme celle d’Etienne, comme celles des saints et des saintes que nous sommes appelés à devenir.
L’évangile insiste sur l’amour que nous recevons en lien avec notre mission. Cette mission est particulièrement vraie pour nous, prêtres et évêques mais aussi pour tout baptisé. Quelle est-elle ? Elle est la construction de l’unité : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi » et plus loin : « qu’ils deviennent ainsi parfaitement un ». Jésus, avant sa mort, présente au Père ses disciples pour que l’amour du Père ne soit pas que pour Lui mais aussi que le Père ouvre le cœur des disciples et dépose en eux l’amour qui unit le Père et le Fils, c’est-à-dire l’Esprit-Saint. Cette réalité est le point central et incontournable de la vie chrétienne : la communion entre les personnes divines qui vient irriguer notre vie chrétienne. La prière de Jésus pour nous, nous qui croyons en Lui par le témoignage que nous avons reçu des disciples, nous fait saisir de quel amour il nous aime : de l’amour même dont il aime le Père et de l’amour que le Père a pour lui. De cet amour nous sommes bénéficiaires à la mesure dont notre cœur s’ouvre pour dire « Viens, viens Seigneur Jésus », selon les dernières phrases de l’Apocalypse (2ème lecture).
Cette Parole de Dieu que nous entendons aujourd’hui rejoint aisément la prière d’action de grâce de l’évêque que je suis avec vous depuis quinze ans. Dans le début du « Directoire pour le ministère des évêques » élaboré après le Concile Vatican II et qui est une sorte de « feuille de route » pour la mission de l’évêque il est précisé que l’évêque se situe « dans le mystère du Christ ». « Pasteur et évêque » des âmes, l’évêque comprendra toujours plus profondément le mystère de l’Eglise dans laquelle la grâce de la consécration épiscopale l’a placé comme maître, prêtre et pasteur pour la guider ». Cette approche de l’identité et de la mission de l’évêque exprime fortement que l’évêque est envoyé dans le monde, qu’il a reçu l’onction de l’Esprit-Saint pour évangéliser et faire grandir l’Eglise. L’Eglise a la mission d’annoncer et de propager le Royaume de Dieu jusqu’aux extrémités de la terre. Elle est, par essence, missionnaire, et chacun de ses membres est appelé à cette vocation de « disciple-missionnaire » selon les mots souvent répétés du pape François. L’évêque est le garant de la mission pour que tous se retrouvent dans l’unité comme Jésus le demande (cf. évangile). L’évêque est le principe visible de cette unité et de cette communion. Cette unité se réalise au jour le jour dans la volonté de communion entre les uns et les autres, avec les diverses vocations des baptisés. Tous unis par le baptême et les sacrements nous formons le peuple de Dieu, un « peuple en marche et qui avance dans l’unité comme le rappelle le Synode que vit en ce moment l’Eglise Universelle. L’évêque, avec le Collège épiscopal, guide l’Eglise d’aujourd’hui pour qu’elle se développe comme Peuple de Dieu et Corps du Christ. Il est envoyé à tous, sans exception avec un devoir particulier auprès des prêtres, des diacres, des personnes consacrées et des plus lointains. Aujourd’hui je pense à tous les prêtres qui ont servi le diocèse et qui ont quitté ce monde. Je prie pour eux. L’évêque est Père et Pasteur du diocèse mais sans ses collaborateurs, ministres ordonnés ou fidèles laïcs, il ne peut rien. Aujourd’hui je veux dire merci à vous tous qui avez travaillé au service du diocèse depuis quinze ans. Je vous assure de ma reconnaissance. Nous avons pu vivre dans la confiance et le service cette mission d’Eglise et tout ce qui s’est réalisé durant cette période. Avec le Christ je prie pour l’unité du diocèse et je vous invite à poursuivre la démarche synodale dans cet esprit : « que tous soient un ». Sans cette communion l’Eglise et donc le diocèse dépérit.
Nous avons « avancé au large », nous avons jeté les filets, nous avons connu des peines et des joies. Ce sont les joies que je retiendrai en regardant ces années écoulées et en vous bénissant de me les avoir données. Continuez la route dans la paix et dans la joie qui vient quand on n’agit plus pour soi mais pour le service. C’est ce que je vous souhaite.